michel menu,
fondateur des goums
I. Le Père Doncœur et le Père Caffarel, inspirateurs de Michel Menu
Michel Menu fut l’ami du Père Doncœur en restant imprégné du dynamisme qu’il a donné envers les jeunes et notamment dans le mouvement du scoutisme. Le château de Troussures fut un incubateur pour l’engagement de pionniers chrétiens en compagnie, ou à la suite, du Père Doncœur. L’essor du scoutisme français, apportant leur « supplément d’âme » à ce que deviendra le mouvement Scouts de France, vient en grande partie de l’impulsion donnée par le Père Doncœur.
Il connut aussi de près le Père Henri Caffarel quand ce dernier lança les « Equipes Notre Dame ». Sous son impulsion, il fit partie de la première équipe avec sa femme Rozenne, Pierre de Montjamont et trois autres couples. De là, on connait la suite, les END se sont répandues très vite en France, en Europe et dans le monde, correspondant à un besoin crucial de nourrir la vie conjugale à la lumière d’une spiritualité du sacrement de mariage.
On peut dire que Michel Menu s’inspira de ces deux figures spirituelles dont le point commun est d’avoir séjourné à Troussures. Il devint le fondateur des goums qui connaissent un rayonnement et une fécondité réelle en France et progressivement en Europe.
III. Son engagement dans le scoutisme
Michel Menu est nommé commissaire national Eclaireur des scouts de France dès 1942. En 1947, après sa démobilisation, sur un appel conjoint des Pères Doncœur et Forestier, il reprend sa place au QG des scouts éclaireurs de France. À la même époque, il participe à l’encadrement des stages pour la formation des chefs à Chamarande : ses interventions sont percutantes, ne laissant personne indifférent.
Michel Menu, de 1947 à 1956, rénove la pédagogie des scouts 14/17 ans alors en crise. La spiritualité du Père Doncœur le marquera toute sa vie. Mgr Benoît Rivière, évêque d’Autun, résume celle-ci » nous sommes des pèlerins sur la terre, touchés par la joie de la foi et ne pouvons vivre sans la communiquer aux autres ». Mgr Rivière a connu le fondateur des Goums en 1938 lors un raid effectué avec lui en Terre sainte, appréciant chez lui son souci concernant l’éducation et la vie intérieure chrétienne de la jeunesse. Dans le journal « Le Chef » daté de janvier 1947 il avait écrit :
« Le chef doit apprendre les qualités du silence, de la beauté, de l’effort, savoir se débrouiller pour son propre compte, compter avec le service du prochain… Les garçons doivent trouver l’aventure, l’action, la libération… ».
En 1949 il crée les Scouts Raiders, un label de qualité, en s’inspirant des » Eagles Scouts » américains : dynamisme, compétence, haut niveau spirituel et technique dans cette nouvelle branche du scoutisme. Il lance aussi les « Patrouilles et Equipes libres » qui se rendent dans les banlieues et les villages isolés et auprès des pauvres. Celles-ci, en l’absence de chefs ou cheftaines, sont des scouts ou guides rattachés à un groupe. Elles comptent 5 à 8 membres de 12 à 17 ans, fonctionnant comme les patrouilles intégrées à une troupe ; leur objectif est de se rassembler pour former une nouvelle troupe ou compagnie. Il savait la difficulté de former une troupe depuis sa province des Deux-Sèvres où il était né.
En 1956 Michel Menu organise le Rallye Raider de « la banne d’Ordanche » (sommet volcanique situé à 1512 mètres dans le mont d’Or, Puy de Dôme) : ce sommet surplombe la chaîne des Puys, la vue y est superbe. Les premières investitures des Raiders scouts ont eu lieu à Paris le 8 juin 1949 ; 220 troupes scoutes ont atteint le niveau requis en 1953.
Michel Menu rédige, en 1955, un appel aux futurs chefs : « Si tu veux être un chef un jour, pense à ceux qui te sont confiés ; si tu ralentis ils s’arrêtent ; si tu faiblis, ils flanchent ; si tu t’assieds ils se couchent ; si tu critiques ils démolissent. Mais… si tu marches devant ils te dépasseront ; si tu donnes la main, ils te donneront leur peau ; et si tu pries, alors ils seront des saints » (texte « Être chef »).
En 1956 il quitte le scoutisme du fait d’un désaccord sur les orientations du mouvement. Dès lors il exerce son métier d’ingénieur en Afrique du Nord et au Moyen Orient. Plus tard, en 2014, la direction du scoutisme le nommera membre d’honneur de l’association des scouts de France (SDF) désirant retisser les liens avec lui et lui manifester sa gratitude.
IV. Fondateur des goums
Michel Menu organise en 1969 le premier raid dans le Vercors avec quelques routiers scouts. L’année suivante il crée les « goums ». Accompagnés par un prêtre les marcheurs parcourent seuls les grandes Causses pendant 8 jours en observant un quasi-jeûne. Ils se regroupent le soir en bivouac, dorment à la belle étoile. Plusieurs Goums sont organisés en Israël (cf plus avant le témoignage de l’évêque d’Autun) mais aussi aux Philippines, en Argentine. La tenue des Goums est une djellaba que les goumiers portent durant leur raid. En arabe le terme « Goum » signifie « tribu nomade », petit groupe autonome, « indépendant ». Certains étymologistes y voient une parenté avec le (jeune fille lève-toi ! chez l’évangéliste Marc 5 ,41) signifiant « se lever » ou »se mettre en marche ». Ce mot exprime l’idée de résurrection et de liberté.
Selon Michel Menu les Goums répondent à 4 besoins vitaux qui sont : la dépense physique, le silence, le développement spirituel et le lien social. Réputé pour être un chef doux, charismatique et exigent, il effectue son dernier Goum de 150 km à l’âge de 87 ans. Il continue à se lever chaque matin pour marcher et entretenir sa santé jusqu’à 94 ans. Il meurt à 99 ans le 2 mars 2015. Il est l’auteur de nombreux livres autour du scoutisme et des goums, de leur spiritualité et de leur pédagogie : une expérience de « liberté ».

